Les 10 Ocean Fifty ont successivement quitté les rivages de la métropole entre le 28 juillet et le 3 août depuis Lorient, Saint-Malo ou La Baule, selon le port d’attache de chacun. Sur ce convoyage pour rallier Saint-Pierre et Miquelon, les nouvelles du bord sont bonnes et les équipages vivent la dernière ligne droite avec impatience avant de poser pied à terre dans un archipel inconnu pour la plupart, territoire préservé à la biodiversité exceptionnelle, langue de terre française à 25 km des côtes canadiennes. Sur place, les habitants s’apprêtent à accueillir avec ferveur les 10 multicoques de 15 m qui devraient pointer leurs étraves à partir du vendredi 9 août pour prendre le départ de la Route des Terre-Neuvas le 16 août à 12h30…
Sur ce convoyage mené avec prudence pour préserver l’intégrité des bateaux et des marins, les équipages ont opté pour une route très Sud pour la plupart, jusqu’aux Açores même. Mathilde Géron à bord d’Inter Invest envoyait ce jour une photo avec le volcan Pico dans le tableau arrière du trimaran bleu et blanc, Fabrice Cahier sur Realites écrivait qu’il se situait dans le Nord-Est de l’île de Flores. Une trajectoire prudente qui a eu pour objectif d’éviter les tourments d’une dépression circulant en Atlantique Nord. Pour d’autres, comme Le Rire Médecin-Lamotte ou Solidaires En Peloton, la route se montre plus directe mais moins confortable : « Impossible de mettre nos gros doigts sur le clavier d’un petit écran ou de lire un bouquin » indique avec humour Thibaut Vauchel-Camus. Antoine Joubert, lui, annonce des conditions maniables et un anniversaire célébré en mer.
4 jours et déjà à mi-parcours ! Les terre-neuviers, trois mâts ou goélettes du XIXe, en mettaient 10 de plus à ce stade, 20 pour rejoindre les zones de pêche dans le sud de Terre-Neuve.
Coup de vent sur le grand banc
Ce mardi en mer, les marins regardent précisément les fichiers météo. Car la fin du convoyage, pour une partie des équipages attendus les 10-11 août, devrait voir un front en provenance du Sud, traverser l’archipel. Un coup de vent qu’il faudra appréhender autant que les cétacés et le brouillard. Laurent Bourguès confie ce jour un léger stress à l’idée de cette arrivée sous tension. Antoine Joubert sur le Rire Médecin-Lamotte souligne une forte dépression : « On ne sait pas encore trop comment cela va se négocier ». Un convoyage non sans risque c’est sûr, mais qui fait remonter toute une histoire : « Ce convoyage est une route mythique. Quand on pense à ce que vivaient les Terre-Neuvas, nous sommes plus confortables avec des bateaux qui vont vite et la possibilité de choisir la meilleure route grâce aux nouvelles technologies » raconte Baptiste Hulin à bord de Viabilis Océans.
En direct de la mer
Jean-Baptiste Gellée, Primonial
« C’est en ce moment assez musclé après avoir traversé une petite dorsale, avec un vent de Sud-Ouest assez soutenu, des passages de grain et une mer assez formée. On vient de passer sous la barre des 1000 milles pour rejoindre Saint-Pierre. Ce sera une ETA samedi milieu de journée, sûrement aux alentours de midi mais nous n’avons pas encore vraiment intégré le décalage horaire ! Nous avons passé une nuit assez calme ce qui nous a permis de faire un tour du bateau. Désormais, c’est parti pour deux jours assez musclés jusqu’à l’arrivée ! A très vite ! »
Baptiste Hulin, Viabilis Océans
« Nous sommes à notre 6e jour de convoyage, et nous avons choisi une route un peu plus sud que la route directe pour éviter des conditions météo trop fortes. Nous avons d’ailleurs rencontré une belle dépression hier mais avons évité le gros du front grâce à notre trajectoire. Le bateau va bien, pas de dégâts, nous en prenons soin afin qu’il soit paré à prendre le départ le 16 août. Cette face nord de l’Atlantique se déroule contre les éléments et cela force à réfléchir à ce que les marins ont pu vivre avec le matériel d’autrefois. Nous prévoyons d’arriver le jeudi 8 août au soir. Ce sera un peu plus musclé sur la fin. L’arrivée sur Saint-Pierre sera sans doute mythique et mystique avec ces légendaires bancs de brouillards, et sans doute les baleines. On va jouer la prudence à fond et profiter de cette arrivée Outre-Atlantique sur une île bien plus nord que d’habitude. On a hâte d’y être ! »
Thibaut Vauchel-Campus, Solidaires En Peloton
« En ce moment, le bateau tape fort au milieu de l’Atlantique. Nous entamons notre 4e jour de navigation et il en reste autant devant nous. On se dit que les Terre-Neuvas auraient mis deux semaines à faire ce qu’on vient de faire, alors vraiment, on ne se plaint pas. Nous sommes au près, il y a de la mer, ça tape, ça va vite, il fait presque beau. A bord, tout se passe bien, même si l’allure du près n’est pas ce qu’il y a de plus fun. Il y a quelques petites bricoles à bord pour s’occuper ! On espère une arrivée entre samedi 10 et dimanche 11 au matin ».
Fabrice Cahiers, Realites
« Nous sommes au Nord-Ouest de Flores avec une option de route très sud depuis le début que nous savons plus longue mais plus favorable pour le bateau lequel, comme son équipage, est au top (Fabrice Cahierc, Lucas Valenza-Trouba, Mattteo Soldini). Notre arrivée est prévue dans 4 jours 8 heures 1 minute ! Nous sommes désormais en quasi ligne droite pour Saint-Pierre et Miquelon qu’il nous tarde de rejoindre. Côté cétacés, nous avons croisé beaucoup de cachalots hors des sentiers battus et plus particulièrement au sud du golfe de Gascogne, ainsi que la flotte des Ministes (skipper des voiliers Mini 6,50) au nord des Açores. Mais ça c’est normal ! »
Laurent Bourguès, Mon Bonnet Rose
« On est au moteur en ce moment sur Mon Bonnet Rose avec un super équipage : Pam Lee et Hubert Maréchal. On est un peu stressé par la fin qui est incertaine au niveau météo et peut-être ventée. Quelques petites bricoles à bord mais rien de méchant. On a hâte de découvrir Saint-Pierre ! »
Kevin Bloch, Inter Invest
« On quitte l’archipel des Açores, sous le soleil au portant. La route s’annonce encore pleine de surprise et de rebondissement. Nous avons choisi de naviguer dans des zones moyennement ventées pour ne pas abîmer le bateau. On s’apprête à contourner les systèmes dépressionnaires qui s’approchent de Saint-Pierre. Nous pensons arriver après la bataille, autour du 13 août. La route n’est pas encore très claire, avec une fin sans doute un peu plus musclée ».