Comme il y a un près d’un siècle pour les goélettes franches, les bricks ou les trois-mâts en partance pour Terre-Neuve, les 10 Ocean Fifty se préparent à traverser l’Atlantique Nord pour rejoindre l’archipel français. Comme les Terre-Neuviers, dont les préparatifs commençaient un mois avant le grand départ, les trimarans sont désormais parés à affronter les difficultés d’un parcours de plus de 2 000 milles, rythmé par de potentielles dépressions, le brouillard et des zones à cétacés à aborder avec prudence. Comme à l’époque, les marins vont jouer la sécurité et l’esprit d’équipe avant tout. L’enjeu étant d’arriver à Saint-Pierre et Miquelon en 8 jours (contre 20 et 40 jours pour les morutiers) avec un bateau en excellent état pour prendre le départ le 16 août de leur première transat dédiée : La Route des Terre-Neuvas.
Bien sûr, les nouvelles technologies changent un peu la donne : les bateaux sont 8 fois plus rapides, les prévisions météo moins aléatoires. Mais l’esprit d’aventure et de voyage sur les traces des pêcheurs de l’extrême anime avant tout les skippers des dix Ocean Fifty ! Arrivée des bateaux prévue, peu ou prou, aux alentours du 8 août…
Départs en convoyage des équipages vers Saint-Pierre et Miquelon
27 juillet > Koesio
28 juillet > Viabilis Océans, Inter Invest, Realites, Wind of Trust-Fondation pour l’Enfance
29 juillet > Upwind by MerConcept
1er août > Mon Bonnet Rose, Solidaires En Peloton, Le Rire Médecin-Lamotte, Primonial
Christian Dumard, météorologue de la course : « Se méfier des dépressions et des cyclones »
« Il y a des dépressions qui circulent dans l’Atlantique. Elles sont moins creuses et moins fortes qu’en hiver, mais bien présentes. Les Ocean Fifty vont suivre une route bien Nord qui les emmène sur les bancs de Terre-Neuve, avec du brouillard à l’arrivée. Je ne crois pas trop à la route Sud beaucoup trop longue pour arriver dans les temps avant le départ de la Route des Terre-Neuvas. L’été est la pleine saison cyclonique. Il faudra également se méfier des cyclones qui remontent le long des Etats-Unis, se réactivent avec le Gulf Stream. L’avantage est qu’on les voit arriver longtemps en avance. Il y aura également les cétacés à surveiller pour éviter toute collision. Le fait de ralentir est une bonne solution, car les collisions se font surtout en mode « volant » et beaucoup moins en mode archimédien ».
Baptiste Hulin, Viabilis Océans : « En stand-by dès le 28 juillet »
« Nous serons en stand-by à partir du lundi 28 juillet pour convoyer le bateau jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon. Nous partirons probablement avec les équipages malouins, ce qui est un plus du point de vue de la surveillance des uns et des autres. Je partirais avec Elliot Ledem et Justin Baradat qui reviendra tout juste de la Québec-Saint-Malo, il connaît la route ! »
Sébastien Rogues, Primonial : « La course commence dès le début du convoyage »
« Toute l’équipe est en vacances avant d’attaquer plusieurs semaines de courses et de convoyages qui nous attendent jusqu’en octobre ! Nous rentrons le 29 juillet pour préparer le bateau et seront en stand-by le 31 juillet, voire le 1er août. La première vraie question sera : est-ce qu’une dépression est prévue sur le chemin ? Car même en période estivale, elles sont quand même sur la route même si elles ne viennent pas forcément jusqu’en Europe. La priorité est d’arriver à Saint-Pierre et Miquelon avec un bateau en excellent état. Je le dis haut et fort : la régate commence dès le début du convoyage… La sécurité sera notre cheval de bataille avec une veille permanente en approche des zones de cétacés. Jean-Baptiste Gellée qui sera à bord a prévu de limiter la vitesse dans ces zones pour assurer une meilleure veille visuelle. Ce sont les règles que nous avons mises en place. Nous partons depuis La Baule et sans doute de manière groupée avec d’autres concurrents pour assurer un peu plus la sécurité ».
Fabrice Cahierc, Realites : « 8 jours de traversée »
« Nous sommes en stand-by à partir du 29 juillet. Je pars avec Lucas Valenza-Trouba et Matteo Soldini. On sait qu’il peut y avoir des difficultés en Atlantique Nord, mais une route Sud peut prendre beaucoup plus de temps. Il faut bien évidemment jouer la prudence avant toute chose car le bateau doit arriver dans un état impeccable à Saint-Pierre et Miquelon. On sait que nous ne couperons pas au brouillard généré entre le courant du Gulf Stream et le celui du Labrador. Nous tablons sur 8 jours de traversée avec un bateau un peu plus lourd qu’il le sera sur la course. Ce sera aussi un voyage car c’est vraiment sympa d’arriver par la mer dans un endroit que l’on ne connaît pas ».
Thibaut Vauchel-Camus, Solidaires En Peloton : « Du matériel de rechange réparti sur chaque multicoque »
« L’enjeu, c’est d’arriver avec le bateau et l’équipage en excellent état ! L’idée n’est pas forcément de partir tous ensemble, chaque équipage a ses propres contraintes, et doit rester autonome dans ses préparatifs. Ce qui est fou, quand on pense aux pêcheurs à la morue, c’est que leur trajet le plus rapide pour rallier les bancs de Terre-Neuve correspond à notre aller et retour en passant une semaine à Saint-Pierre et Miquelon ! D’autant que nous sommes bien équipés contrairement à eux à l’époque, et qu’à bord il n’y a que des volontaires. Je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Je serais accompagné pour cette traversée par Laurent Gourmelon et Martin Bazin, un bon copain (Koh-Lanta 2011 et 2014). Nous embarquons pas mal de matériel de rechange, car nous nous sommes mis d’accord avec les autres teams pour répartir ce dont nous risquons d’avoir besoin : accastillage, colles, tissus ».
