Avec l’arrivée de l’équipage d’Inter Invest à 15h (19h en métropole) ce lundi 12 août, la totalité de la flotte des Ocean Fifty est désormais amarrée dans le port de Saint-Pierre. Les équipages préparent les trimarans pour le grand départ de La Route des Terre-Neuvas vendredi 16 août à 12h30, transat déjà historique par le nombre de multicoques de 50 pieds présents, soit la totalité de la classe Ocean Fifty ! Le ballet des tournevis et ponceuses, les va-et-vient des sacs et les allers et retours des plongeurs sous les carènes rythment les quais du « caillou » et Wind Of Trust-Fondation pour l’Enfance a même pû être démâté pour réparer son hook de grand-voile. Ici, la solidarité n’est pas un vain mot… Les skippers et leurs équipiers vivent ici un voyage, une immersion unique à Saint-Pierre et Miquelon avant le top départ du premier grand évènement Voile post-Jeux Olympiques !
Les mots des équipes à Saint-Pierre
Pablo Santurde, équipier sur Koesio
« Nous avons pris soin du bateau pendant le convoyage. Nous sommes contents qu’il soit en bon état. En temps normal, ce n’est pas du tout comme cela que ça se passe, mais ici nous sommes en équipe réduite et cela nous oblige à bien nous organiser. Nous avons peu de matériel, nous gardons les mêmes voiles et remettons le bateau bien propre pour s’élancer sur la Route des Terre-Neuvas à 100%. On vient tous les jours au bateau, l’ambiance est très chouette et très solidaire ».
Louis Giard, team manager Upwind by MerConcept
« Le convoyage a duré 10 jours. Ce n’est pas anodin de faire 10 jours de près, le bateau est bien sollicité ! Il faut maintenant tout vérifier, contrôler l’usure, les points de contacts des appendices. Il faut vraiment inspecter le bateau de A à Z. Nous n’avons pas de casse majeure, rien d’alarmant. Le concept de la course est chouette : emmener le minimum de matériel et être en autonomie pour réparer. Pour nous, l’idée était de venir avec le maximum de matériel sur le bateau. Et puis, les habitants sont aidants, très solidaires. Tout se passe super bien ! »
Laurent Cornic, technicien composite du team Primonial
« 8 jours pour la première transat du bateau, c’est super ! Tout a bien fonctionné, il n’y a vraiment pas grand-chose à réparer. Nous avons juste un petit problème de dérive et d’étanchéité, donc vraiment rien de grave. On fait un check complet du bateau, je vais d’ailleurs aller plonger pour vérifier la structure globale du trimaran. On s’organise entre team, nous avons mutualisé un peu de matériel entre trois équipes ».
Thibaut Vauchel-Camus, skipper de Solidaires En Peloton
« C’était une transat en convoyage engagée, au près, assez difficile mais cela s’est bien passé. Nous avons mis 8 jours. En arrivant, on a découvert Saint-Pierre entre deux bancs de brouillards. C’était incroyable ! Ce soir, nous serons dix bateaux à Saint-Pierre. 10 bateaux sur une première transat dédiée aux Ocean Fifty, c’est un grand moment qui marque l’histoire de la classe et le fait qu’elle soit en plus liée à une histoire maritime, a encore plus de poids, je trouve. L’idée cette semaine, c’est de faire un gros coup de ménage, passer les contrôles de sécurité. Nous avons une petite job-list, mais le bateau est en très bon état. Nous sommes en équipe restreinte mais on sait que l’on peut trouver des coups de mains, les habitants ont le cœur sur la main. »
Mathilde Géron, équipière sur Inter Invest
« À 5h ce matin, on était dans la brume et ensuite le soleil s’est levé. Il y avait 15 nœuds de vent, mer plate, nous avons été accompagnés par des oiseaux et des dauphins. C’était magnifique. Nous avons mis 14 jours suite à des soucis d’électronique. Nous avons longé les côtes portugaises puis fait route sur les Açores pour refaire de l’avitaillement, de l’eau et du carburant. On avait aussi un problème de pile à combustible donc on s’est fait livrer du méthanol au large d’Horta. Bref, nous avons mis du temps mais joué la prudence à fond. On a évité une grosse dépression, le mot d’ordre était de prendre soin du bateau. Et nous arrivons avec un bateau en super état. C’était ma première transat, ça fait chaud au cœur d’avoir un accueil pareil ! »
La grande épopée du rail
D’une avarie technique importante est née une histoire de solidarité. Suite à la casse du hook de grand-voile de Wind of Trust-Fondation pour l’Enfance, l’équipage de Christopher Pratt fut entouré comme jamais pour réparer. Christopher raconte : « Le hook au niveau du rail de grand-voile a cassé, la partie supérieure du rail de mât était arrachée et pliée à 90°. C’est une pièce assez compliquée. Depuis quelques jours, nous réfléchissions à ce qu’on allait faire. Et puis, tout s’est mis en place : on a démâté, retiré toutes les vis cassées et pendant ce temps, la pièce est partie de Saint-Brieuc et est en train d’être acheminée jusqu’à nous par quelqu’un qui arrive mercredi matin. L’histoire est dingue ! Je pensais que ce serait très compliqué et en fait on a trouvé des solutions. On a surtout pu compter sur la disponibilité, la gentillesse et la solidarité locale. Nos logeurs ont pris le sujet en main : en deux-trois coups de fil, on a trouvé des palettes, une grue, un usineur, bref tous les outils qu’il nous fallait pour faire ce boulot technique avec des vis en titane et des pièces en inox. Je suis impressionné qu’on arrive à faire ça ici. Les gens sont compétents, solidaires, et plein de ressources… C’est une belle histoire ! »
Le port de Saint-Pierre : tout pour l’accueil des Ocean Fifty
Ponton ajouté à la perpendiculaire du grand quai Eric Tabarly, aide à l’amarrage des bateaux sur chaque arrivée de convoyage, écoute et conseils permanents, surveillance du trafic maritime pour la sécurité des Ocean Fifty… le port de Saint-Pierre a préparé l’accueil de la Route des Terre-Neuvas de façon bienveillante et professionnelle. Denis Vervoort, le commandant du port explique : « Nous avons ajouté un ponton perpendiculaire au quai Eric Tabarly, donc il a fallu mettre sur des coffres les bateaux qui y étaient amarrés. Il a également fallu construire une structure pour adapter le ponton à cet endroit. Il y a ici un bon mètre de marnage, c’est moins qu’en Bretagne, mais il faut quand même que le ponton puisse travailler. Les acteurs de DTAM (direction du territoire de l’agriculture et de la mer) et beaucoup de locaux ont bien préparé cet accueil, car c’est la première fois qu’une telle flotte de bateaux de compétition vient prendre le départ d’une course à Saint-Pierre. C’est fabuleux ! Ici, ce sont tous des gens de mer qui savent ce que c’est que la solidarité. Alors, il y a toujours quelqu’un pour aider un équipage, comme aujourd’hui pour le démâtage du trimaran Wind of Trust – Fondation pour l’Enfance. »